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Les bigarrures d'une bulle
13 décembre 2008

Sucre

 

On vient de nuire à ma mue.

Ce parfum-là colle mon gilet depuis des heures. Plus de place sur les poignets, chaque versant était déjà tatoué d’une fragrance différente. Alors c’est le gilet qui a pris, et Dieu que je regrette. Je regrette aussi de ne pas avoir attendu que l’alcool s’évapore pour dire que « non, il est trop sucré pour moi ». Je regrette de ne pas avoir regardé le flacon, le boîtier, le nom. Je regrette d’être resté attirée par un autre sucre aux fleurs, sur le recto de mon poignet droit, et par une trace de cannelle sur le verso du gauche. D’avoir passé la porte, croyant avoir fini ma mission d’éclaireur qui consistait à revenir avec quelques noms tentateurs pour la hotte de Noël. Je regrette de n’avoir enregistré que Burberry’s tender touch, le violet. Omnya, Bulgari, le brun ; ces deux-là dont un m’écœure désormais par sa simplicité…

Je regrette. C’est sûr.

Car l’alcool s’en est allé. Et mon nez a frémi. Parce que sur le gilet... L’odeur. Celle qui me rend folle depuis maintenant des heures. Dilate mon cœur. Et moi j’étais dehors, et je sentais que ce parfum là m’éveillait. Et quand je suis revenue à la maison, je ne respirais plus que par lui, le nez dans mon vêtement, le cœur en berne. C’est lui. Juste lui.

Et d’en dire aux parents : « allez-y, choisissez entre celui-là qui sent fort, que j’adore, et mon petit sucre à la fleur, il est doux mais quelle fraîcheur. Mais surtout, surtout, ramenez m’en le nom, du premier, de l’inconnu. Là, il figure sur l’étagère la plus à gauche. »

Et pendant qu’ils partaient boucler la mission, j’ai raconté le parfum à une amie.

Et j’ai cru que je l’aurais sous le sapin. Si facile.

Et j’ai cru que je m’en parerais pour finir d’ouvrir les cadeaux, manger des chocolats, ouvrir les huîtres, manger mon ennui. Si délicieux.

Et j’ai cru qu’il transformerait ma vie. Si fabuleux.

J’ai cru tout cela. Naïve. Si.

Et toujours, m’emplir du patchouli sur mon gilet, de la rose, et de ces zestes inconnus olfactifs. Savoir que c’était lui et pas un autre pour finir l’hiver. Parce que son sucre, parce que sa force, parce qu’un caprice, parce qu’une envie, parce qu’un besoin… parce que le moral, parce que la vie, parce que la santé, parce que la chance, parce que les études, parce que les amours, parce que tout irait avec cette merveille sur moi, sur ma peau. Pellicule.

Et les parents sont revenus. J’ai demandé le nom. Pas la surprise. Le nom. Et ils ne savaient pas. Ils ne savaient pas. Ils n’avaient pas compris. Pas compris. Et ils ne l’avaient pas pris. Pas pris.

Et le nom s’évapore comme l’alcool, et mon gilet, demain, sentira la lessive. Et ma peau s’effiloche. Et le sel couvre mes joues. Et ça m’effondre. D’en arriver là. Noyer dans mon gilet la perte d’un non-gain. Pour quoi ? Un simple parfum. Oui mais lequel ? lequel ? Je ne sais pas. Pas. Et je perds la peau que je n’aurais jamais.

 

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Commentaires
A
tu en as acheté un ? moi je n'ai pas pu prendre le nouveau dans ma valise... plus de place. mon cou sent le savon à la fleur d'oranger... ce n'est pas assez.
F
je veux un parfummmmmmmm =)
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