Parlons de choses en passant – La nouveauté, la routine.

Discussion autour d’une carafe Brita, édition limitée, à la bouche rouge pulpeuse et à la fossette bleue.

*

- Ça manque de sel. Et tout est desséché. Zut !

- T’as fini avec le Bondex ?

- La notre, le couvercle il s’enfonce quand on la remplit d’eau, et il y a un godet qui surnage et le remonte automatiquement quand elle est pleine. Et l’indicateur de fin de vie de cartouche, il est sur la poignée.

- Ah bon.

- Ouais.

- Hé Gretchen, tu manges pas avec nous demain ? Tu commences à quelle heure ?

- Non. Le bois a soif… Tu pourrais me mettre une couche, au velux ?

- Alors vous trouvez ça comment ? Stef ?

- ...

- Il est trop foncé.

- A midi ! Je mange à 11h00 demain. Faut pas que je petit-déjeune, encore…

- C’est bon maman, mais c’est déjà dit.

- Ça ne sera pas trop foncé, le bois est blanc, si tu le nourris pas il va pourrir.

- Comment ça c’est déjà dit.

- Bah, tout ce que tu cuisines est bon. Ça devient fastidieux de le dire à chaque fois.

- Et toi Valé ?

- Elle aime qu’on la complimente. Allez encore une fois : 

- C’est booon, maman.

- Oui. C’est pas trop mauvais. C’est comme ça qu’ils disent les français.

- Grumpf.

- Elle est belle en rouge.

- Ça fait très féminin, moi j’trouve papa.

- Je pense comme Gretchen. Mais la notre, le couvercle, il s’enfonce quand on la remplit. Et en fait, au fur et à mesure que ça se remplit il remonte. C’est automatique, pas besoin de soulever le clapet. Et puis l’écran de la cartouche il est sur la poignée.

- Ah bon.

- Ouais.

- Eh, Gretchen tu sais qui a chanté aux Jo ?

- Bah non. Tu sais bien. Puis moi c’est Carlotta.

- Je préfère Gretchen.

- Bon d’accord.

- N’empêche elle est belle en rouge.

- Oui, bon on vous prendra la votre, vous prendrez celle là.

- Oui, on s’en fiche.

- Non.

- Non.

- Bon.

- Qui veut du fromage ? c’est pas comme si on avait pas mangé des cannelloni à la ricotta  donc au fromage ? Hum ? alors ? Je le sors ou pas ?

- Vas-y Gretchen.

Guten tag ! Che m’appelle Gretchen, che zuis allemande et che tiens un blog zur lequel che m’affiche dans des combinaizons en latex se pliant sans pliures mais reflets en des positions scabreuses et suggestives. Che zuis blonde, c’est tout un art, l’ammoniac. Et che sens l’eau de Cologne bon marché. Fenez me foir, che suis de taille moyenne et replète et ch’ai une croupe de chument.

No, no ié m’appelle Carlotta, et ié souis italienne. I’ai des lèvres de feu et oune langue qui roule. Ié fais du 100 D ; c’est monstroueux mais les bichons adorent. Comme ié n’ai pas trop de cerveau, ié ne sait pas quoi dire pour plaider ma cause, jouste, venez me voir, ça vaut le coup, vous prendrez ma taille de guêpe entre deux doigts et ié me plierai comme oune petite couillère dans du tiramisu mousseux.

*

Aurait-on par hasard filtré autre chose que de l’eau dans cette carafe qui a étanché notre soif et nous a rendu volubiles et fantaisistes. Car moi, je m’appelle Valérie et vous n’en saurez pas plus.