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Les bigarrures d'une bulle
3 octobre 2008

Le chiffon

Pour passer une bonne soirée entre amis, on peut réaliser toute sorte d’activités, les soirées scotch-brigdge dans le canapé à regarder des DivX illégalement attrapés sur le net à la pêche au ‘pourquoi-je-ne-ferais-pas-comme-tout-le-monde-et-ne-profiterais-pas-de-ces-occasions-faciles-et-pratiques-et-gratuites- ?mmh ? hein, d’abord !’ ; sortir en boîte et attraper des ampoules aux pieds, une migraine carabinée et une haine aigue de la techno ; rivaliser avec ses amis sur l’élaboration de pâtes à la carbonara maison ; faire un concours de qui tiendra le moins longtemps après avoir vidé des shooters de vodka alignés en domino ; aller au cinéma quand on peut profiter de la réduction étudiante et qu’il n’y passe pas de navets ; jouer à la guerre factice derrière des cartons durcis au StarShip-laser ; balancer son bras gracieusement au bowling ; s’enrouer la voix sur du karaoké ; jouer à Santiano ou jungle speed, devenir un parfait mousse ou un acharné du Totem ; papoter simplement en échangeant les derniers ragots sur les personnes qu’on n’a pas croisé depuis cinq ans mais c’est pas grave, jouer la langue de vipère est un joyeux passe temps, etc. etc.

 

 

 

Mais moi je gage que vous n’avez jamais essayé une de ces activités que je vais vous proposer. Activité ludique, cocasse, pathétique, éducative, expérimentale, kamikaze, sportive et faisant appel à la logique.

Pour la réaliser, il faut : un tube d’aspirateur bouché.

Pour comprendre il faut : faire un retour dans le passé.

 

Trois jours plus tôt…


Dans l’appartement, et plus exactement le salon, s’élève le vrombissement caractéristique et caustiquement dérangeant de notre aspirateur rouge dont j’oublie la marque, parce que c’est mal de faire de la publicité et puis je ne m’en souviens plus. Aux commandes de cet engin merveilleux qui a révolutionné la vie ménagère des femmes du siècle précédent (autant que le lave-vaisselle, le lave-linge et les couches culottes jetables), ma sœur, pleine de volonté, prête à passer les trois prochains quarts d’heure à passer –repasser-re-repasser, re-re-repasser, n fois, la brosse dudit appareil sur notre moquette 1 : bleue 2 : noire au niveau des trous de cigarette, 3 : marron là où elle est usée jusqu’à la trame, 4: vielle, 5 : moche, 6 : étendue sur un sol inégal et bosselé, 7 : incrustée de cheveux (hélas !) 8 : inaspirable ! disons que ¾ d’heure pour aspirer 40 mètres carrés, c’est acceptable.
Ainsi commence-t-elle par cette fabuleuse natte en bambou qui se nettoie comme un chef, et satisfaite de gagner-là quelques minutes de contentement, elle dirige la brosse vers l’incident. Si l’onomatopée habituelle des accidents (domestiques ou pas) est généralement BANG, il faut le remplacer. Non, parce que, lorsque ma sœur a aspiré CE recoin, CELUI où elle avait laissé traîner LE CHIFFON qui lui servait à lustrer ses bottes, eh bien, l’aspirateur n’a pas fait BANG mais SCHLURP. Comme Jacques Brel dans sa chanson ‘Ces gens-là’ Ouais, aussi dégueulassement ! Sauf que dans la chanson, cela présente un intérêt certain ;
Bon.
Bref.
Passons.
Ou plutôt revenons.
L’aspirateur a fait schlurp.
Et puis fatalement, cela s’est produit.

 

L’aspirateur n’a plus aspiré.
Le chiffon s’est tassé dans le conduit.
Et le tube a été bouché.

 

De retour au jour J :


Ce jour-là, A et C sont venus travailler avec ma sœur et manger une glace. La vie est ainsi faite qu’ils n’ont pas lu six lignes de leurs cours et qu’ils ont goûtés de la tarte au citron. Le temps passant ma sœur raconte à C des trucs inutiles, mais elles en sont contentes, et A et moi parlons musique, c’est tout aussi inutile et nous en sommes contents et puis parmi toutes ces paroles ma sœur sort l’histoire de l’aspirateur.
Cela a dû paraître comme un appel à l’aide.
Parce que A s’est retrouvé à agiter le tuyau pour essayer de localiser cet immonde chiffon en dedans.


Pour la petite histoire (parce que je suis loquace aujourd’hui, ça fait peur et puis de toute façon, je ne vous force pas à lire…), ce chiffon est 100% coton, rayé de bleu ciel et bleu foncé, découpé à partir d’un vieux t-shirt de mon pôpa, à qui le tube reviendra de droit pour qu’il s’échine à récupérer la loque en dedans si vous lisez qu’à la fin de nos palpitantes aventures, il y est resté coincé !

Pour la petite histoire toujours, ma sœur et moi avions tenté avec plus de mal que de bien de pousser le chiffon avec le manche d’un balai swiffer, et, comme cela ne fonctionnait pas, de l’épingler à partir d’un crochet fabriqué approximativement via un cintre en fer démantibulé.
Bref, nous nous sommes tous dit qu’avec un homme dans la maison, on allait sortir vainqueur de ce combat.
Le manche du balai Swiffer a de nouveau servi de poussoir. Inutilement.
Le cintre a également était réquisitionné. Vainement.

A l’issue de ces deux tentatives ré-éditées, nous n’avions plus un tube d’aspirateur mais, un tube d’aspirateur cassé et trois bouts de plastique (le poussoir pour allonger le tube) errants.

 

Creusant nos méninges, nous nous sommes dits que peut-être, ça ne coûtait rien d’essayer, il faudrait tenter de faire glisser [retenez ce mot ‘glisser’] le chiffon au moyen d’eau [retenez ‘eau’] savonneuse.
Allez, hop, un coup de Mir vaisselle vinaigre authentique Framboises & fleurs de Mûrier, on humidifie, on essaie encore de faire bouger les choses avec le manche du balai… et… rien. De rien.
Aucun glissement.
Mais.
De l’eau ;
Et de l’eau avec du métal, vous savez, ça rouille.

Alors, on a pensé à une autre méthode expéditive : appliquer le principe ventouse.
Heureusement, dans nos placards, on a de tout (sauf une tige solide pour pousser le chiffon), on a donc sorti notre pompe à pied rose fluo. Et shlamp, et shlamp, le pied de A sur ce gonfleur et le conduit blanc dans le tube bouché pour faire pression avec du scotch.
Il y avait une fuite.

Si on a asséché cette partie du tuyau, lui évitant, par-là, de souffrir des affres conditions de la rouille, et si on a été ravi que de l’autre côté du tuyau, cela fasse des jolies bulles baveuses, notre idée a avorté. Cela valait le coup, tout de même pour les bulles, si vous voulez mon avis !]
Retour à la case départ.

Qu’à cela ne tienne.
On en était à chercher des solutions extrêmes.

J’ai ressorti ma théorie du brûlage. Le tissu brûlé, le conduit serait dégagé. Le reste serait une affaire de dispersion de cendres. Mais allez faire brûler un chiffon en plein milieu d’un tube.

De un, les allumettes s’éteignent toutes dès qu’elles sont plongées dans cette noirceur diamétrale, de deux, tadam, nous avions des armes ! béh oui, et l’alcool, à votre avis à quoi cela sert ?

Nous avons écarté celui à 90°. Trop dangereux.

On a trouvé moins fort dans la Vodka Caramel.


Précautionneusement ; introduction de quelques gouttes. Allumettes, frotter, flamme, se tenir sur les gardes d’un retour de flamme, introduire. Rien.

Néanmoins, il y en a un qui pense que ça sent bon, dans la bouteille. On promet de faire goûter ensuite.

Deuxième essai, une petite flammèche sur le tube.

Des cris. ’C’est sur le chiffon qu’il fallait verser’, rouspète gentiment C.
Bon, le problème, si on l’a compris, c’est qu’il est loin dans le tube, okay ?
Alors on a humidifié un rond de coton avec notre vodka, et avec le cintre, on l’a poussé un peu. Allumette, même topo, rien.
Trop nul.

On a retiré le coton, à peine noirci, et on constaté les dégâts, le lino plein de traces d’eau savonneuse, le pull de A. aussi, les pièces du tube, la vodka inutile (du moins pour le problème actuel), les allumettes trop peu nombreuses, notre pathétisme, l’heure qui tournait et on a tous conclu qu’il était trop tard pour travailler. Alors, on est passé à table.
Ma foi, c’était bon !

 

 

 

 

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