Les bêtises
Pour Naw,
Elle avait fait une bêtise. Elle aurait dû garer sa voiture
dans le Tupperware. Elle le savait bien. Comme tout le monde le savait. Et
savait aussi que les Tupperware, c’est cher mais ça dure toute la vie ou
presque. Et puis surtout parce que les Tupperware c’est fait pour ça. Stocker
et conserver. Les Tupperware ça conserve bien les voitures et du coup, ça donne
le sourire.
Mais bon, elle, par le fait, avait perdu le sien.
Forcément quand on se prend une fraise ! Elle avait
trouvé le fruit rose aux petits points noirs écrasé contre le pare-brise de sa
voiture. Et voilà ! Encore une belle amende à payer ! Non vraiment,
elle n’avait plus le sourire. Surtout qu’en ouvrant sa portière, elle découvrit
que les prunes dans leur barquette qu’elle avait achetée au matin pour manger
avec de la chantilly avaient moisi, les prunes pas la barquette !
C’était sa faute. Elle avait fait une bêtise en empêchant la conservation de sa
voiture. Tout avait pourri en dedans.
Le jus des prunes avait, en plus, coulé sur la banquette
arrière. Ça faisait une rigole de sucre poisseuse. Elle soupira. Elle était
bonne pour aller au Labomatic ! Elle s’y dirigea donc et on l’y fit se
garer. L’endroit été géré par des experts qui par souci du savoir-faire
portaient gants, masque et blouse blanche. Avec tout cet attirail, ils étaient
les meilleurs dans la recherche sur le mastic. Ils prélevèrent du jus de prune
puis lui certifièrent qu’ils lui enverraient sous peu un vaccin à base de
requin qu’elle disperserait dans sa voiture pour y empêcher tout futur autre
dépôt de colonies de nuisibles. Ça ne coutait que la modique somme d’un rubis.
Et peut-être aussi sa vie. Encore que cela n’était pas une certitude. Bref,
elle trouva ça sur son ongle, le rubis, et le leur donna. Elle ne chipota pas.
Il fallait régler les factures. Parce qu’il faut bien financer la recherche des
labomatics. Normalement c’est l’Etat qui paie, mais puisque ce sont les
particuliers qui paient l’Etat par l’impôt, le système peut bien être
court-circuité après tout, ou mieux pour eux, combiné.
Le contrat signé, donc, ils nettoyèrent sa voiture. Avec des
produits bio s’il vous plaît. C’est-à- dire cocktailés à partir de cultures
bio, c’est-à-dire encore qu’elles n’avaient pas été traitées sauf par un
produit miracle insecticide amazonien connu depuis toujours, la Roténone® qui
augmentait considérablement sa chance de développer dans sa 6ème
décennie la maladie de Parkinson. Ça ne lui fit pas peur. Même !, les gars
du Labomatic l’applaudirent lorsqu’elle leur montra sur son épaule dénudée un
badge-tabac collé à sa peau. Parce que le tabac ça aide à contrôler les tremblements
de repos tout en gardant une haleine de chacal. Elle s’y soignait donc tous les
jours. Enfin une bonne imitative. Comme quoi elle ne faisait pas que des
bêtises !
Valérie
Le 13.10.09
Quitte à écrire des bêtises, autant le faire en utilisant des mots à la place d'autres...